Les définitions ci-dessous correspondent aux termes que nous avons utilisés, et
ne sont pas universelles.
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abergeage, abergement
[n. m.]
- Terre remise à un paysan plus ou moins libre, l´abergataire, pour un temps très long,
surtout en vue de défrichement, moyennant un prix comptant, l´entrage, et une
redevance annuelle en nature nommée cens ou cense.
Dérivé du verbe français régional aberger avec le suffixe d´action
-age, vieux français
herbergier, « héberger », ancien français herberc, herberge,
herbergerie, herbergement, bas latin abberragium, « accensement d´un fond sous
une certaine redevance », abbergare, abergare, abergiare, « donner en accensement,
donner à cens », albergare, « loger, habiter, héberger ; être hébergé, recevoir
l´hospitalité », alberga, arberga, arbergum, « droit de gîte ; maison ; famille »,
albergaria, arbergaria, arbergeria, « auberge », arbergamentum, puis
albergamentum, « droit de gîte ; le gîte lui-même ; maison de paysans », issu du
germanique (westique) *haribergon, *heribergon ,
« loger un armée, camper », composé de *hari, « armée », et de
*bergon, « abriter ». On trouve de nombreux dérivés de cette racine
germanique, comme haberg, habergage, haberge, habert, harbert, hesbergage, ainsi
que albergement, « acensement, contrat de bail de longue
durée concédant un droit d´usage, bail emphytéotique avec réserves perpétuelles », ou
les Francs habergeants, bénéficiaires de la charte accordée aux habitants du
Locle par Jean II, sorte d´assimilation à la condition d´hommes libres,
et les termes actuels auberge, héberger et leurs dérivés.
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ager
[n. m. latin]
- Champ, terre (cultivable) ; domaine, propriété foncière ; campagne ; territoire, contrée,
canton, pays.
Ager regius : domaine royal
Ager privatus : domaine privé ou qui appartient à une personne.
Ager publicus : ensemble des terres publiques appartenant au peuple
romain, fruit des conquêtes militaires ; c´est du revenu de ces terres que vivent
les citoyens romains.
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albos, albios, albanos
[mots gaulois]
- Selon Delamarre,
ce mot n´aurait pas le sens de « blanc », comme le latin albus ou
le gaulois vindos, « blanc, de couleur blanche », mais plutôt le sens
religieux de « monde lumineux, monde d´en haut », par opposition à
dubnos, dumnos, « monde sombre, monde d´en bas ». Ces mots dérivent
respectivement des racines indo-européennes *albho-, « blanc » et
*dheu-b-, dheu-p-, « creux, profond ».
-
alleu
[n. m.]
- Bien héréditaire propre, terre libre de redevances seigneuriales. Vieux français
aleu, alleu, ancien français aleu, alieu, alue, « location,
bail », aleugerie, « fief tenu en alleu »,
latin médiéval alodum, alodis, latin allodium, francique
allod, « propriété complète », ancien haut-allemand alod,
« possession libre », ancien haut-allemand al, « tout, entier », germanique *alla,
« tout, tout à fait » et germanique auda, « bien, possession, fortune ».
L´alleu s´opposait au fief.
-
alpe
[n. f.]
- Le choronyme qui désigne nos Alpes actuelles, en
latin Alpes, apparaît dès le premier siècle avant J.-C. Il est issu de l´appellatif
gaulois *alpe, d´une racine celtique ou préceltique *alb-, qui viendrait de
albos. Pour
Nègre, le sens premier de cette racine préceltique
serait « hauteur » ou « pâturage ». Des dérivés apparaissent par
rhotacisme (Ar, Arp, etc.) ou par
vocalisation
du l (Au, Aulp), et aussi par mutation du p en b
(Arbignon). Certains dérivés apparaissent aussi comme préfixes dans un
grand nombre de toponymes. Le toponyme générique alpe, de l'appellatif
latin féminin singulier alpis, « alpe, alpage », a d´abord eu le sens
d´alpage, et au Moyen Age le sens plus restreint de pâturage d´été en montagne.
On trouve beaucoup de diminutifs désignant des petits alpages, par exemple :
Alpette, Arpette, Arpille, ou en patois valaisan et valdôtain arpetta,
arpettaz.
-
armes parlantes
- Armoiries, blason, drapeau représentant un objet dont le nom évoque le nom du
lieu ou de la personne qui les possède. Dans certains cas le rapport entre le nom et
l´objet représenté est purement paronymique, et
n´a aucun lien étymologique, par exemple la grue des comtes de Gruyère et de la commune de
Gruyère, la coupe de Coppet, la roue de Rue ou de Riaz, le fer de lance de Ferlens, la
colonne de Cologny, etc.
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ban
[n. m.]
- 1. Dès le XIème siècle, le seigneur peut s´attribuer le monopole
d´installations telles que four, halle, forge, pressoir, moulin à grain, moulin à huile,
foulon, ou la propriété de bois ou pâturages, dont l´usage, contre
une redevance appelée banalité, est obligatoire pour ses sujets.
Ancien français ban, « défense proclamée hautement ; sorte de redevance ;
territoire soumis à la juridiction », latin médiéval bannus,
« prestation de travail exigée en vertu du droit de ban », ancien bas francique
*ban, « loi, ordre dont la non-observance entraîne une peine », germanique
*bann, « défense », *bannjan, « bannir, en raison de l´interdiction faite aux
sujets de se servir de biens n´appartenant pas au seigneur ».
2. Bois, terrain banal, appartenant à une commune, dirigé par une autorité
territoriale. Ancien français banable, banal, « soumis à la banalité ».
3. Terre, forêt mise à ban : dont l´accès est réservé à certaines personnes ou
réservé au seigneur et interdit aux villageois, ou dont l´accès est interdit à certaines
périodes.
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bastide
[n. f.]
- Bas latin bastida, « fortification », ancien provençal bastide, « ouvrage
de fortification situé à l´extérieur d´une enceinte », ancien français bastide,
« château fort, forteresse ; cabane, hutte »,
Terme employé jusqu´à la fin du XIIIème siècle pour désigner des ouvrages
provisoires destinés à protéger un campement. Au moyen âge, c´est ouvrage de défense
isolé, mais faisant cependant partie d´un système général de fortification, et aussi une
maison isolée, bâtie en dehors des murs d'une ville.
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bastille
[n. f.]
- De *basticula, diminutif de bastide
avec le suffixe -cula, ce terme a pris le
même sens que bastide.
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Belenos
[nom propre gaulois]
- Théonyme,
dieu gaulois du soleil correspondant à Phoebus-Apollon, racine celtique *belo-,
racine indo-européenne *bhel-, « blanc, brillant »,
nommé aussi Bel ou Belen.
-
bourg
[n. m.]
- 1. Latin burgus, du grec purgos « tour », désigne une fortification, une
tour fortifiée, une redoute, et par extension un petit château, puis un petit hameau dès
1185.
2. Bas latin burgus, du germanique *burg, « localité, lieu
fortifié », proto-germanique *burg, racine indo-européenne *bhergh,
« élévation fortifiée », désigne un ensemble d´habitations fortifiées.
3. Latin médiéval burgus, issu de la fusion des mots latin et bas latin,
attesté en 837, désigne une petite ville, souvent centre de marché, fortifiée ou non, voire
close de murailles. Dès le Xème siècle, c´est le chef-lieu bâti, par opposition
au terroir ou partie agricole de la paroisse. Plus récemment le mot bourg a
désigné le centre d´une localité étendue.
4. Franco-provençal [bor, bur], bourg, faubourg, nouvelle ville fortifiée.
-
breuil
[n. m.]
- 1. Au Moyen Age, pré ou verger clôturé par un mur de pierres sèches ou cimentées
ou clôturé par une enceinte d´entrelacs. Il fait partie du
manse dominical et
il doit être proche du centre d´exploitation domanial. Latin médiéval broilum.
2. Pré clôturé de haies, petit bois clôturé, bois servant de réserve de chasse au chef
de village, anciennement bois humide, puis bois taillis, bois taillé régulièrement
pour en exploiter les repousses.
3. Dans la vallée d´Aoste, le terme breuil désigne plutôt une zône humide olu
très irriguée.
Patois broilla, ancien français breuil, broeil, broil, brueil, bruel,
bruil, etc., « bois, forêt, taillis, fourré, buisson, parc dans lequel on
enfermait des bêtes fauves », breuille, bruelle, bruille, brule, brulle,
« bois », diminutifs broillet, brollet, brolet, bruillat, bruillet, brullet, etc.,
« petit bois », bas latin brogilum, broilum, gaulois
brogilos, « petit bois humide », avec la forme dégradée breialo, diminutif
dérivé du gaulois brog(i)-, « territoire, région, frontière », issu du celtique
*mrog, voir Morge.
-
briga, brio
[mots gaulois]
- A l´origine, ce terme désigne un sommet, une colline. Par la suite, par
métonymie, il
désigne une colline, un tertre fortifié occupé antérieurement par les Ligures, peut-être
enlevé de force, et repeuplé par l´aristocratie militaire celte. D´une racine
indo-européenne *bheregh-, « haut, éminent, montagne »,
dont dérivent le germanique *burg- et l´allemand Burg, « château,
forteresse » et Berg, « montagne ». Il existe aussi un mot gaulois
brigantion, « éminence », de l´adjectif brigant-,
« éminent, élevé », qui dérive de cette même racine
[Delamarre].
-
briva
[mot gaulois]
- Pont. Dérive peut-être d´un plus ancien *breva, apparenté au germanique
*brovo, dont dérivent l´allemand Brücke et l´anglais bridge
[Delamarre],
racine indo-européenne *bhru-, bhreu-, « poutre, pont ».
-
calmis
[mot gaulois]
- Terrain ouvert, haut plateau dénudé et rocheux, séchard, d´un préceltique
calma, « terre déserte », racine indo-européenne *kel-, kela-,
« être élevé ; colline ». Ce nom a donné le gaulois calmis et le bas latin et roman
calma, « champ, pâturage ». Il apparaît au Moyen Age en langue d´oïl sous les formes
calma, chalme, « champ, pâturage », caumoi, chaumois, « plateau désert »,
chalm, « lande », charme, « friche », chaume, « terre inculte, lande,
plateau désert », chaux, « terre inculte », en occitan calm, « lande, plateau
désert », en nord-occitan chalm, charm, « lande, plateau désert », et féminin
champ, par attraction paronymique du masculin
champ, « champ », chaumo, « plateau, friche, jachère », chau (pluriel
chaux), « montagne à sommet aplati », et en franco-provençal comme
chal, chalp, charp, chaup, « partie élevée et arrondie d´un pâturage haut »,
chalm, chaume, « hauteur dénudée », charme, « pâturage des sommets, terre
inculte ». On trouve en outre en ancien français chaume, « montagne », chaumart,
« terre inculte, jachère », en vieux français chaux, « lieu improductif », en patois
romand tsau, tsò, et en patois valaisan tsa, tous de même origine.
En revanche, les noms en ancien français chaumoi, chaumoie, chaumois,
« lieu couvert de chaume, champ moissonné » dérivent plus probablement du latin
calamus, « roseau ; tige d´une plante ».
-
castellum
[n. m. latin]
- Poste fortifié, redoute ; fort, forteresse, château fort, ville fortifiée ; rempart,
citadelle, asile, repaire, refuge. C´est un lieu fortifié moins important que le
castrum ou le
fortalicium. Ce terme désigne dans
l´Antiquité aussi bien un site
militaire fortifié qu´un camp temporaire ou permanent. A la fin de l´Empire romain dans
les villes gauloises, réduit fortifié où la population peut se réfugier en cas
d´attaque. Ancien français castel, chastel.
Diminutif bas latin castelletum, « châtelet ».
Castellum aquae : château d´eau, citerne, réservoir.
Castellum divisorium : château d´eau avec répartiteur.
-
castrum
[n. m. latin]
- Sous la République romaine, camp fortifié dressé le soir à la fin de l´étape.
Sous l´Empire, camp fixe à la frontière avec des murailles de pierre. Au Bas-Empire,
la partie essentielle d´une ville, fortifiée et érigée en citadelle.
Au haut Moyen Age, il est souvent appliqué à une agglomération secondaire.
Jusqu´à la fin du XIIème siècle, le castrum est un château. A partir du
XIIIème siècle, le castrum est le centre de l´autorité, le lieu où siège
le seigneur ou son représentant, mais ce n´est plus un lieu fortifié.
-
cella, sella
[n. f. latin médiéval]
- Etablissement religieux. Petite exploitation agricole dépendante du centre domanial.
Dépendance, bâtiment annexe du centre d´exploitation domanial, éventuellement temporaire.
En 1296 : cella seu grangia, « celle ou pour mieux dire grange ». En ancien français
celle, cele, selle, sele, « petite maison,
hermitage, habitation en général, chambre, cellule ; cellier ; tribunal ».
-
chavanne
[n. f.]
- Ferme, bien-fonds, aussi construction le plus souvent en pierres sèches utilisée
par les bergers, notamment pour la confection de fromages. Vieux français chavane,
ancien français capane, chabanne, chavene, « petite habitation faite de terre
et de bois, et ordinairement couverte de chaume », provençal cabana,
« cabane, chaumière », roman cabana, « abri à bestiaux », bas latin
cabana, cabanna, capanna, cappana, « maisonnette, cabane », bas latin
chavanna, « chalet de montagne », latin cabanna, capanna, « hutte, cabane »,
gaulois capanna, « hutte, cabane, cabanon, petite ferme ». Selon
Pégorier, chavanne,
« domaine autour d´une demeure ; cabane ».
-
chavannerie
[n. f.]
- Au Moyen Age une chavannerie était une exploitation agricole, une métairie,
du bas latin cabannaria, cavannaria, chavaneria, chavannaria, dérivé
« petite exploitation rurale détachée du domaine, métairie qui comprend des chaumières ou
des maisons de paysans ». Selon Pégorier,
chavannerie, « maison rustique » ; chavannerie est devenu chavonnerie,
sans doute par attraction paronymique avec
Chavonne.
-
chesal
[n. m.]
- 1. Ce terme désignait le plus souvent l´habitation et le tènement des hommes de condition
servile. Après la libération des serfs les seigneurs se réservèrent des droits sur ces
tenements.
En Suisse romande, dans le milieu urbain des villes neuves ou des faubourgs neufs
du Moyen Age, le chesal est une parcelle de terrain rectangulaire allongée,
perpendiculaire à la rue, dont la partie donnant sur celle-ci est entièrement bâtie,
les maisons voisines se touchant.
A la campagne, le chesal est un terrain plus étendu, destiné à la construction
d´une maison et de ses annexes rurales et comprend parfois une partie au moins
des terres cultivées. C´est aussi la propriété d´un agriculteur.
Patois tsèsau, romand chesal, savoyard chosal, « petit
groupe de maisons, surtout maisons en ruines dont il ne reste que des pans de murs »
[Gros], vieux
français chésal, pluriel cheseaulx, ancien français casal, casel,
casele, caselle, cazal, chaisel, chasal, chasaul, chasel, chazel, chazeau, chesal,
chesau, chesaul, cheseau, chessal, etc., « bourg, château, domaine, ferme,
métairie, manoir entouré de terre propre à cultiver », franco-provençal
tsaza, tsoza, « ruines, réduit misérable », du bas latin casale, « ferme,
métairie ; habitation, cabane ; hameau, bourg, faubourg », casalis, « habitation,
demeure ; tenure paysanne, unité d´exploitation rurale, de dimensions modestes ; famille »,
diminutif latin casella, « petite cabane, petite ferme, maisonnette »,
du latin casa, « ferme, maison ».
2. Le terme « chesal » peut aussi désigner un terrain destiné à la construction d´une
maison, bas latin casal, « place ou l´on peut bâtir des maisons », éventuellement
un terrain où a existé une maison et où l´on peut en reconstruire une, bas latin
casalaria, casaleria, « emplacement d´une maison »,
casalenum, « place vague où il a existé, où l´on peut bâtir des maisons »,
et par synecdoque les ruines d´une maison,
mots régionaux chosal, choseau, « chalet en ruine »
[Pégorier].
-
châtellenie
[n. f.]
- Ressort territorial sur lequel s´exerce les droits banaux d´un maître de château.
Il exerce également par délégation l´ensemble des droits, militaire et judiciaire.
Latin médiéval castellania, dérivé de
castellum.
-
civitas
[n. f. pl. latin]
- Latin, pl. civitates. Grande fédération de peuples, nation ; ville, cité.
-
colonia
[n. f. latin]
- Ville fondée de toute pièce sur un territoire conquis et annexé par Rome, concédée à des
colons venus
d´autres régions et jouissant d´une autonomie administrative, chargés de mettre la
terre en valeur. Bien-fonds féodal jouissant de privilèges. Au Moyen Age, groupe de
manses,
faisant référence à une ancienne division du domaine en lots répartis à des colons.
-
colon
[n. m.]
- Du latin colonus. Citoyen ou descendant de citoyen établi par l´autorité romaine
dans une colonia,
et appartenant à la couche sociale supérieure. Sous le Haut-Empire, exploitant agricole qui
paie au propriétaire un loyer en espèces ou en nature. Au Bas-Empire, agriculteur libre
mais fixé à la terre, travaillent sur les domaines
(villa)
des grands propriétaires. Son sort s´aggrave durant le Haut Moyen Age.
-
cortis, curtilis, curtis
[n. f. latin médiéval]
- Du latin cohors, cohortis, « enclos, cours d´une ferme, basse-cour »,
devenu en roman cors, en ancien français cort, cour, court, cuert,
« ferme, exploitation agricole », puis « manse seigneurial isolé », puis
« domaine rural, village ». Au Moyen Age, exploitation agricole ; ensemble d´exploitations,
regroupées géographiquement, souvent placée sous l´autorité d´un seigneur.
Charlemagne partagea les courts en deux classes. Les premiers, qui
continuèrent à s´appeler courts, étaient des manses seigneuriaux isolés. Les
seconds, qu´il appelait villa, étaient composés de plusieurs villages où se
trouvait ordinairement un château. Mais sous Charles le Chauve le nom de court ne
s´appliqua plus qu´aux petites fermes [Corblet, Hypoth. étym. sur les noms de lieux de
Picardie.]
Le latin cortile a donné l´ancien français courti, courtil, « jardin ».
Le diminutif bas latin curtina, « petite propriété rurale », a donné
courtine, « petite cour, place de ferme. »
Curtis dominica : centre d´exploitation domanial, constituant une ferme
domaniale, composée d´un logis, de bâtiments annexes, d´une cour et souvent entouré par
une enceinte (closura). Les termes
curia et
cortis se sont influencés mutuellement dans l´évolution sémantique.
Les toponymes dérivés de ces noms sont de formation
germano-romane, de l´époque mérovingienne (VIIème et VIIIème
siècle), et désignent la ferme, le domaine rural d´un Germain. Ils sont fréquents
dans les régions proches du domaine germanophone (Jura, Neuchâtel, Fribourg).
-
courtil
[n. m.]
- Première forme de la tenure seigneuriale et de l´exploitation agricole. Parcelle
enclose, petite cour de ferme servant aux ébats du bétail, au dépôt du matériel agricole.
Petit jardin clos de murs ou de haies attenant à une ferme. Nom devenant le nom de la
ferme, puis celui du village.
Voir les mots régionaux
corti, cortil, courti, courtil,
ancien français corti, cortil, cortille, courtil, curtil,
« petite cour ou jardin de campagne fermé de haies, de fagotage, ou quelquefois aussi
de murs », diminutif courtillet, curtillet, « petit jardin »,
cortillerie, courtilliere, curtilliere, « jardin », du latin médiéval
curtilis, bas latin curtile, cortillum, latin
médiéval
curtilis. On donnait le nom de « courtils » aux jardins des
colons
dépendant d´une villa romaine agricole.
-
curia
[n. f. latin]
- En plus du sens habituel de bâtiment abritant le Sénat, ce nom signifie aussi
cour (La place Bellecour, à Lyon, porte le nom latin Bella Curia jusqu´au
XIIIème siècle), ou campagne.
-
dom
[n. m.]
- Saint homme au Haut Moyen-Age, vieux français dom, « maître », ancien français
dam, dant, employé comme formule d´adresse, latin
médiéval dompnus, domnus, dérivé de dominus, « maître »,
employé dès l´époque mérovingienne et jusqu´au Xème siècle avec le sens de
saint. Au féminin, ancien mot régional donna, « dame de condition sociale
élevée », ancien français done, « dame, femme »,
latin médiéval dompna, domna, « sainte », roman donna, « dame »,
latin domina, « maîtresse ».
-
dunon
[mot gaulois]
- Mot latinisé en dunus, dunum. A l´origine « colline, hauteur, lieu élevé,
montagne », puis « colline consacrée à un Dieu ou à une Déesse », ensuite « colline fortifiée,
oppidum », enfin « cité sur une colline ».
Ce nom a donné l´anglais town et l´allemand Zaun.
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duron
[mot gaulois]
- D´une racine indo-européenne *dhwer-, « porte »,
latinisé en durus, durum, devenu dorum en bas-latin.
Ce mot a d´abord signifié « porte, passage », puis « habitation » par
synecdoque
et par la suite « habitation fortifiée, marché enclos, place, forum, enfin
ville close, forteresse ». On a opposé duron, « ville close située en plaine »,
à dunon, « ville forte située en hauteur ». C´est une simplification hâtive.
Ce nom apparaît surtout comme suffixe, ayant disparu tôt comme nom commun.
Il a donné l´anglais door et l´allemand Tor, Tür en conservant
son sens de porte.
-
eau
[n. m.]
- La racine indo-européenne *av(e)-, « eau, couler, mouiller, etc. » a
donné le vieux celtique *aa, ava, ave, puis le celtique eve. D´autre
part, la racine indo-européenne *akwa-, « eau, rivière » a donné
le latin aqua, devenu en ancien français egua, awa, ewe (ce dernier au
XIIème siècle), avec les variantes aege, aeghe, aegue, ague, aige, aighue,
aive, aiuwe, ave, awe, ayawe, ayeuwe, eage, eauve, eave, eawe, ege, egue, eighe, eive,
esgue, euave, euve, euwe, eve, ewe, hawe, hayve, hyauwe, hyeuve, ia, iaiwe, ial, iau,
iauge, iaugue, iaul, iauve, iauwe, iave, iawe, yauve, yauwe, yeuve, yeuwe, et en vieux
français eaue (XIVème siècle), d´où le mot actuel eau.
De aqua dérive aussi l´occitan aïgo, d´où le provençal aiga,
devenu aigue, aygue en vieux français.
Autres termes dérivés :
- Les bas latins aquairolium, aquarium, aquarolium, aquarolius, aquatorium, aqueria,
aquerium, « canal, conduit, auge, évier », aquaserium, « fossé » ;
- les formes romanes Aix, Ais, Eis, Eix, Ex, latinisées au Moyen Age en
Aixium, Assium, Axium, Essium, qui désignent des sources thermales ou des villes
d´eau, dérivés de l´ablatif locatif pluriel aquis, « aux eaux », ainsi
que la forme féminine Axia dont sont issus les vieux français Aisse, Asse,
Eisse, Esse, anciens noms de cours d´eau ;
- l´ancien français oue, « ruisseau », qui donne par agglutination de
l´article loue, et le diminutif ouette, « petit
ruisseau » ;
- le diminutif aiguette, vieux français aiguet,
« ruisseau, canal », du bas latin aquetum ;
- les patois éva, ève, ive, aussi évoué, qui signifient tous
« eau ».
-
fief
[n. m.]
- Au moyen Age, source de revenu (très généralement terre, mais aussi cens, droit, péage,
etc.) concédée par le seigneur à son vassal à titre temporaire ou viager, puis surtout
héréditaire, et sur laquelle le propriétaire initial garde certains droits (beneficium,
feudum).
-
fortalicium
[n. m. latin]
- Forteresse moins importante que le
castrum, lieu fortifié qui garde un défilé,
un cours d'eau, une route. Quartier central d´un bourg fortifié, entouré de remparts et de
fossés.
-
fundus
[n. m. latin]
- Domaine agricole, domaine immobilier rural, fonds de terre.
Latifundia : Grandes propriétés foncières. Grands domaines ruraux donnés
en usufruit, mais considérés comme une véritable propriété par les grands seigneurs
romains et les grands propriétaires locaux.
-
gentilice
[n. m.]
- Tout citoyen romain possède au moins trois noms (tria nomina) : un prénom
(praenomen), un gentilice (nomen gentilicium), nom de sa
gens, celui qui se transmet, et un surnom (cognomen). Le
gentilice était parfois un dérivé en -ius d´un surnom, lui-même décrivant une
particularité physique, morale, sociale, etc., comme Mancius, dérivé du surnom
Mancus, du latin mancus, « privé d´un membre, mutilé, estropié,
manchot », ou Publicius, gentilice d´un esclave affranchi et devenu citoyen,
dérivé de [servus] publicus, « [esclave] public ».
-
glanna
[mot gaulois]
- Ce mot qui signifie « rive, berge », et le mot gaulois
*glano-, qui signifie « clair, pur, limpide, transparent »,
racine indo-européenne *ghla- ghle- ghlo- , « brillant », se sont
probablement confondus en gaulois tardif dans la toponymie
[Delamarre].
-
grange
[n. f.]
- Ancien français graigne, granche, grange, grangeage, grangne,
« métairie », roman granja, granga, latin médiéval grangia,
« grange pour le grain et le fourrage », bas latin *granea, grania,
latin vulgaire *granica, « grange », du latin granum,
« grain ».
A l´origine, domaine rural dans une clairière que l´on agrandissait peu à peu, en
fonction des besoins, des nouvelles bouches à nourrir.
Dès le IXème siècle, maison de campagne, ferme comprenant un bâtiment
destiné à la conservation du grain, la grange, une écurie, et un appartement.
Au Xème siècle, exploitation agricole, ferme souvent fortifiée et dirigée
par des religieux (principalement cisterciens). Les moines, ne devant pas parcourir plus
d´une certaine distance pour se rendre à leurs propriétés, construisaient une grange qui
servait de relais. Ils y conservaient les récoltes des terres en dépendant ou les dîmes
en nature dues par les exploitants agricoles soumis à ce droit.
Aussi, groupe rural comprenant maison et bâtiments agricoles avec terres, prés, bois,
paquages ou métairie.
Plus récemment, bâtiment où l´on portait les gerbes de céréales et où l´on effectuait le
battage, et enfin bâtiment d´une exploitation agricole où l´on met à l'abri les récoltes
de paille, de foin, de fourrage, etc.
Aussi, en montagne, chalet où l´on fabriquait le fromage d´alpage.
-
ialon
[mot gaulois]
- Mot latinisé en ialum. A l´origine « clairière de défrichement, espace découvert »,
puis « village de défricheurs, créé dans une zone forestière en cas de surpeuplement
d´un autre établissement », et en gaulois tardif « lieu, endroit, village »
[Delamarre].
-
locus
[n. m.]
- Latin. Centre religieux isolé, établi sur un domaine agricole fortifié ; paroisse, dans le
Bas Empire.
-
magos
[mot gaulois]
- Latinisé en magus. Village agricole occupé par des serfs (étrangers
dont on a conquis le pays, mais que l´on n´a pas exterminés), marché agricole, champ.
Le mot gaulois magos, « marché », vient du celtique *magos,
« plaine, terrain découvert, champ », racine indo-européenne *meg(h)-,
« grand ».
Les toponymes issu de magos sont souvent des bourgs commerçants établis au
carrefour d´axes routiers.
-
maison forte
[loc. f.]
- Latin domus fortis, maison fortifiée, avec des murs épais, dont le possesseur ne
détient pas les droits seigneuriaux permettant d'élever un château muni de défenses
importantes.
-
mandement
[n. m.]
- Espace contrôlé à partir d´un lieu principal, souvent un château ; territoire, étnedue
d´une juridiction. Ancien français mandement, « commandement ; gouvernement,
subdivision du baillage », du verbe mander, « commander, ordonner », latin médiéval
mandamentum, du latin mandatum, participe passé du verbe mandare,
« donner mandat, ordonner ». On distinguait le
castrum, lieu du pouvoir, et le
mandamentum, territoire sur lequel s´exerçait ce pouvoir.
-
manse
[n. m. ou f.]
- Latin mansio, mansus, « maison, ferme, domaine », gaulois
maes, magen, même sens. A l´époque romaine, « séjour, habitation, demeure,
auberge, gîte d´étape, relais sur une voie romaine ».
Latin médiéval mansa, mansus, massus. Au Moyen Age, habitation rurale en fief,
tenure paysanne
roture ou servile, associant maison, jardin,
dépendances et champs, d´une surface généralement comprise entre 10 et 15 hectares, que
l´on peut travailler avec un attelage et suffisante pour qu´une famille puisse s´y fixer
et y vivre. Le tenancier paye au maître une redevance en argent (le cens) ou en nature
(le champart) et en corvée. On distinguait les manses ingenuiles, exploitées par
des colons libres, les manses serviles, confiés à des serfs et les
manses lidiles, attribués à des affranchis.
Manse dominical, réserve, en latin Mansus
(in)dominicatus : partie d´un domaine gérée par le maître et sur laquelle
travaillent des esclaves et des paysans tenanciers faisant la corvée. Sur cette portion du
domaine se concentre la vie industrielle, et tout ce dont
le domaine a besoin est produit là (tissage du lin, filature, brosserie, moulin...).
D´après [Martignier],
qui cite le polyptique d´Irminon (IXème siècle) : « Petit domaine
appelé aussi manoir et meix. (...) les terres sont divisées en
domaniales et tributaires. Les premières sont administrées par les moines
eux-mêmes ; c´est ce qu´on nommait granges (grangiae) dans le pays de Vaud.
-- La plus grande partie de terres tributaires sont distribuées en petites fermes appelées
manses. Ces manses se composent, en moyenne, de dix hectares et un tiers. (...)
Le manse était héréditaire ; il ne pouvait être morcelé et était soumis à une charge
fixe, déterminée une fois pour toutes. (...) »
Manse abbatiale, conventuelle : bâtiment qui hébergeait les employés ou les
visiteurs, à ne pas confondre avec la mense, du latin mensa,
« repas, plat, mets », qui désigne les revenus d´une abbaye ou d´un couvent.
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milliaire
[adj.]
- Borne de pierre installée au bord des routes tous les mille pas (soit un mille romain ou
1481m) sur le côté
gauche en tournant le dos à Rome, et portant diverses mentions dont les distances.
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mons
[n. m. latin]
- Génitif montis, d´une racine indo-européenne *men-, « être
saillant ». Mont, montagne, colline pointue, colline.
Montis a donné l´ancien français mont,
passé au français moderne. Montanus, adjectif signifiant montagneux, a donné le
latin vulgaire *montaneus, même sens, dont le féminin substantivé a donné le
bas latin *montanea qui a pris le sens de montagne, région montagneuse, devenu
en ancien français montaigne et en français moderne montagne.
Au Moyen Age le toponyme mont désignait surtout les sommets escarpés et
les versants raides, c´est-à-dire l´espace inculte d´exploitation, alors que
montagne était synonyme d´alpage. Montagne avait aussi parfois tendance à
prendre le sens de pays pauvre par opposition à la plaine, le bon pays. Le diminutif latin
monticellus a donné l´ancien français muncel et le français moderne
monceau, le diminutif monticulus, bas latin *montuculus a donné le
français moderne monticule.
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motte
[n. f.]
- Amas de terre de forme tronconique servant de fortification, souvent flanquée d´un
baile (cour basse avec aménagements défensifs). La motte pouvait être constituée des
déblais des douves. Colline naturelle ou artificielle fortifiée entre le IXème
et le XIème siècle avec des palissades, au début de l´époque féodale.
Vieux français mothe, ancien français mote, « tertre, colline,
élévation, monticule ; maison seigneuriale ; terre labourable ; atterrissement,
alluvion », motel, motelet, motete, « petite motte »,
motele, « colline », latin médiéval motta, « amas de
terre, monticule », puis « château bâti sur une éminence », celtique
*mutta, « hauteur », racine préceltique MOT, « levée de
terre, tertre isolé ». Les mottes peuvent être d´anciens
oppidums.
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oppidum
[n. m.]
- Préhistoire : agglomération du Deuxième Age du Fer puissamment fortifiée comportant
rempart et fossé, de surface assez importante (5 à 140 ha), implantée à un endroit
stratégique.
Chez les gaulois : plateau facilement fortifiable.
Chez les romains : place forte, ville avec une enceinte de remparts.
En général : établissement ; site perché ; site défendu par un rempart.
Les oppidums ont parfois été réutilisés comme
motte ou comme
poipe.
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onno, unna
[mots gaulois]
- La forme unna, « eaux » est postulée d´après les
théonymes
Andounna, de *ande-unna, « eaux d´en bas », et
Uxounna, « eaux d´en haut ». Le mot onno, « fleuve »
pourrait être une forme tardive, mais son existence est douteuse
[Delamarre].
Racine indo-européenne *pen-, pen-ko-, « marais, eau, mouillé », avec
l´aphérèse du
p courante en gaulois.
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pagus
[n. m. latin]
- Petite peuplade locale, canton ; subdivision territoriale d´une
civitas.
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poipe
[n. f.]
- De l´ancien français poipe, poype, « maison fortifiée bâtie sur une hauteur
et entourée de fossés ». On peut lire : « Les poipes sont des terres élevées
et fortifiées... il y avait autrefois des châteaux sur toutes ces poipes » [Collet].
De poypia, issu du latin podium, grec podion, même sens,
celtique pech, puech, puich, « hauteur, colline ». Les poipes occupent
souvent d´anciens oppidums.
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praedium
[n. neutre latin]
- Domaine agricole, domaine immobilier rural, avec droit de propriété
ou avec droit d´usage.
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salla
[n. f. roman]
- Résidence seigneuriale sans fortification ni défense, grande maison rurale
avec une salle de réception. Occitan sala, « résidence seigneuriale », ancien
français sal, « maison contenant une seule pièce », du francique sal, « salle,
pièce spacieuse destinée à recevoir », vieil haut allemand sal, « résidence, maison,
salle, halle (surtout un bâtiment ne contenant qu´une salle) », germanique
*salaz, sali, saliz, « habitation, maison, salle ». Le terme salla ou
sala est remplacé dans certains documents par le latin
aula, « palais, cour d´un souverain ».
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tènement, tenure
[n. m., n. f.]
- Terre concédée à un tenancier par un seigneur qui en garde la propriété éminente.
Concession en principe précaire, mais en pratique constamment héréditaire. Du latin
médiéval tenura, tenementum, dérivé du latin tenere, « tenir ».
Tenure servile (tenementum servilum) : tenure détenue par un serf, ou par
un homme libre qui devenait serf en l´acquérant.
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vallis
[n. f. latin]
- Latin vallis, pluriel valles, « vallée, ravin », dérive d´une
racine indo-européenne *wel-, « rouler ».
Le féminin vallis est devenu masculin au Xème siècle sous la forme
vallus, vieux français val, vau, pluriel vals, vaux.
En revanche, en patois val, vaux sont restés féminins. Le diminutif latin
valicella a donné les anciens français masculins
valce, valcel, vauce, vaucel, vauciel, vauchel, vausel, « vallon », et
féminins vacele, valcele, vaucele, vauciele, avec le diminutif
vaucelete, « tout petit vallon », et le diminutif latin valitta
a donné les anciens français valet, valette, « vallon »,
valiere, « petit vallée ».
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vardô
[mot germanique]
- Germanique vardô, vieil haut allemand warta, « surveiller,
garder », germanique vahtô, vieil haut allemand wahta,
« garde, guet », a donné le francique *wahton, *wardôn,
« surveiller, regarder », latinisé sous les formes garda, gardia, guarda,
varda, warda, wardia. Ancien français guardenc, warde,
« garde », puis « forteresse, tour de garde, endroit d´où l´on surveille les
environs », a pris le sens de « point de vue stratégique, endroit d´où l´on peut
surveiller les environs, en particulier lieu d´où l´on peut surveiller les
troupeaux », par le patois vuardâ, « garder, surveiller,
protéger », vouarda, vuardo, vuarda, « gardien, garde ». A noter
aussi le germanique garda, « claie, enclos à bétail, jardin », racine
indo-européenne *gherdh-, « clôturer », et le vieux norique
vardi, varda, « sentinelle, cairn ».
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vicus
[n. m. latin]
- Agglomération secondaire gallo-romaine non fortifiée, du village rural jusqu´à
la petite ville, principalement située le long des routes, ou subdivision territoriale
de la cité.
Bourgade du haut Moyen Age, plus importante qu´une
villa,
et où se tiennent des assemblées publiques, jusqu´à l´apparition des châteaux au
Xème siècle.
Adjectif dérivé : vicanus, a, um, « de village, de bourg », et substantif
vicanus, i, « habitant d´un bourg ».
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villa
[n. f. latin, pl. villae]
- Grande exploitation agricole gallo-romaine, grand domaine foncier, le
fundus,
couvrant parfois une centaine d´hectares et
utilisé pour la culture (ager, champ), et l´élevage (saltus, terrain
boisé, clairière, pâturage). Le domaine était divisé en pars rustica, où
étaient concentrées les activités artisanales et les zones d´habitat du personnel de
maison, et en pars urbana, où se situe la demeure du maître de maison.
Durant tout le Bas Empire romain, la villa est le grand domaine égal à peu
près à la commune de nos jours. La villa forme une unité économique exploitée selon le
régime domanial : une partie du domaine, le Manse
dominical, reste propriété directe du maître, l´autre partie est divisée en lots,
les Manses, et répartie entre les familles.
Ces anciens domaines Gallo-romains furent souvent abandonnés à l´époque des grandes
invasions (Vème et VIème siècle), puis réoccupés par des populations
franques nouvellement installées en Gaule. Dès le VIIIème siècle, le sens
évolue et villa équivaut à petite exploitation.
A partir du XIème siècle, villa prend le sens de village ou
circonscription villageoise et désigne le village principal d´une paroisse, de terroir
cultivé et habité, puis d´agglomération urbaine.
Villa urbana : Demeure de luxe et de plaisance, à la campagne.
Villa rustica : Maison de campagne, domaine rural comprenant la maison du
maître, les logements des colons
et des esclaves et les bâtiments agricoles.
Diminutif : vilulla, « hameau, petite villa ».
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villa
[n. f. latin, pl. ville]
- Unité territoriale de base dont sont formés les
pagi
du haut Moyen Age ; correspond parfois à une seigneurie foncière.
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villare
[mot bas-latin]
- Subdivision, partie habitée de la villa.
De l´adjectif latin villaris, villare, « de maison de campagne, de métairie, de
ferme, de basse-cour ».
Au haut Moyen Age, domaine rural. Dès le IXème siècle, petit village, hameau
avec son territoire, écart (tout petit hameau éloigné de toute autre habitation).
Ce terme est devenu wiler, willer en allemand.
L´expression terrae villares, que l´on rencontre au VIIème siècle,
s´applique aux terres dépendant d´une villa.
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Les autres citations sont reprises de ceux-ci.